L’histoire inspirante de l’installation d’un jeune vigneron grâce à un double investissement viticole

Peut-on créer un domaine viticole avec peu d’apport personnel ?

À Saumur, un jeune salarié viticole rêvait de s’installer à son compte. Il a relevé ce défi grâce à au soutien de deux investisseurs passionnés et l’accompagnement constant de ses conseillers.

Retour sur une aventure humaine et viticole hors du commun.

L’installation d’un jeune vigneron est toujours une belle aventure, tant pour lui que pour la filière et la région.

Lorsqu’elle se réalise dans un vignoble prestigieux comme Saumur – Saumur Champigny, avec un financement structuré autour d’investisseurs privés et d’une équipe de conseillers présents pour orchestrer le projet, elle devient un exemple inspirant.

Ce récit illustre comment, même sans capital initial, un porteur de projet passionné peut s’implanter durablement grâce à une synergie entre acteurs du monde viticole : investisseurs, cédants, conseils, partenaires financiers et Ampelio, en lien constant avec le terrain et les hommes.

À travers cette histoire singulière, c’est un modèle d’installation viticole qui se dessine : humain, structuré et tourné vers la pérennité des terroirs ligériens.

---

Présentations

Avant toute chose, il est primordial de vous présenter les personnages principaux de cette histoire.
Tous viennent d’horizon différents, tous ont un beau projet, et tous se sont complétés pour cette installation viticole.

Voici déjà nos 2 vendeurs :

• Jean-Luc : Le vigneron et son domaine viticole
• Famille M. : Des anciens vignerons et leurs bâtiments

Et nos 3 acquéreurs :

• Clément : Un salarié qui rêve d’installation
• L’investisseur du foncier, passionné par le vin
• L’investisseur du capital, passionné par les projets viticoles

---

Le vigneron et son domaine viticole

13 septembre 2023

Nous faisons la connaissance de Jean-Luc.

Pendant dix ans, il a été salarié sur un domaine à Bellevigne-les-Châteaux, au cœur du Saumurois. Puis, lorsque l’opportunité s’est présentée, il a choisi de reprendre l’exploitation où il avait appris son métier pour continuer de faire progresser ce vignoble qu’il aime tant.

Il emprunte, il travaille, il maintient la qualité du patrimoine foncier : Jean-Luc est un homme de précision. Ses 16 hectares, plantés en Cabernet Franc et Chenin, sont le reflet de son exigence. Pas un pied de vigne manquant. Les sols sont travaillés, l’approche est raisonnée.  

Il a établi un modèle économique à 100% au négoce. Les bâtiments sont propres et bien rénovés. Ne vinifiant pas sur place, la cuverie est relativement petite et il n’existe pas d’accueil de clientèle.

A 59 ans, il se pose des questions sur la cession de son domaine, n’ayant pas de repreneurs. Il avait anticipé sa retraite et avait déjà travaillé une année auparavant avec ses conseillers sur la valorisation du domaine et le processus juridique et financier d’une fin d’activité.

Attaché à ses vignes, il a également à cœur de rester quelques temps pour accompagner un futur repreneur.

Après quelques jours de réflexion suite à la rencontre avec nos équipes, il nous accorde sa confiance et décide de nous confier le mandat de vente.

Nous travaillons alors sur l’étude du parcellaire, des bâtiments d’exploitation, des éléments juridiques, des bilans financiers, du matériel, afin d’y apposer un juste prix de vente.

—

Janvier 2024

Le mandat est signé, nous avons identifié une première liste d’acquéreurs potentiels, le dossier commence.

Les dossiers de présentation sont envoyés, les appellations Saumur et Saumur Champigny suscitent immédiatement de l’intérêt.

Mais rapidement, des limites apparaissent. Pour certains candidats, le budget dépasse leurs capacités ; pour d’autres, le contexte économique freine les décisions. Quelques profils se heurtent à une difficulté concrète : les bâtiments, bien que parfaitement tenus, ne correspondent pas à leurs ambitions commerciales : manque d’espace de vinification, d’accueil ou de visibilité.

—

23 mai 2024

Nous recevons un coup de fil de Jean-Luc, qui souhaite nous présenter une idée. Ses voisins, eux aussi anciens vignerons, envisagent de céder leurs bâtiments : une belle maison de maître, une cave troglodyte, et un hangar fonctionnel pour le matériel.

Une idée commune germe alors : ne vendre que ses vignes et associer à la vente les bâtiments des voisins. Le puzzle semble s’assembler. Cette nouvelle offre, alliant un vignoble d’exception et des infrastructures valorisantes, répondrait bien mieux aux attentes des acquéreurs actuels.

C’est un changement de cap, mais aussi une illustration parfaite de la souplesse et de l’écoute qui guident chaque projet chez Ampelio. À partir de là, une nouvelle dynamique s’enclenche.

---

Des anciens vignerons et leurs bâtiments

28 mai 2024

A la suite de notre échange, nous prenons donc contact avec la famille M. Anciens vignerons installés à Brézé, ils ont, il y a quelque temps déjà, transmis leurs vignes à un repreneur.

Ils souhaitent céder l’ensemble des infrastructures restantes. Une grande maison typique du saumurois avec un beau jardin, ses dépendances pleines de cachet pour aménager un bureau et une cave troglodyte de caractère servant de chai. À cela s’ajoute, de l’autre côté avec une entrée indépendante, une grande cour avec un hangar agricole et une arrivée de vendange

Le potentiel est évident, l’ensemble est charmant, fonctionnel, harmonieux. Il offre ce que recherchent de nombreux porteurs de projet : un cadre de vie et de travail réunis dans un même lieu, adapté à une activité en lancement.

Rapidement, le processus se met en route et la famille M. nous confie le mandat de vente.

---

Un salarié qui rêve d’installation

Clément est un jeune salarié viticole d’une trentaine d’année.

En 2001, il pose ses valises dans le sud de l’Anjou, proche de Saumur, où il habite désormais avec sa famille.

C’est en 2017 qu’il fait ses premiers pas dans le métier, en tant qu’ouvrier viticole dans un domaine du terroir angevin. Il multiplie ensuite les expériences dans plusieurs exploitations, puis ce parcours le mène naturellement au poste de second d’exploitation.

—

Janvier 2023

Clément franchit un cap, il nous contacte via le site d’Ampelio. Son message est clair, réfléchi : il a un projet d’installation, pas immédiat, mais bien réel. Il voit cela comme une trajectoire à moyen terme, le temps de mûrir l’idée, d’affiner ses attentes, de trouver l’endroit juste.

Les mois passent, ponctuées d’échanges et de partages d’opportunités. Nous le rencontrons une première fois lors d’une visite d’un domaine en Anjou.

Sa vision est déjà très construite. Il sait ce qu’il veut : un domaine de 10 à 20 hectares, situé autour de Doué-la-Fontaine, un encépagement varié, et un budget limité car il a peu d’économies personnelles.

Au fil des mois, Clément reste en veille active. Il visite, compare, projette.

__

Mai 2024

Après plus d’un an d’échanges, son regard s’élargit. L’Anjou laisse peu à peu place à la découverte, ou plutôt la redécouverte, du vignoble de Saumur. Son périmètre de recherche s’ouvre, sans jamais perdre en cohérence.

Après mûre réflexion, il accepte également que son projet soit accompagné par un investisseur pour s’installer durablement.

__

7 juin 2024

Comme chaque semaine, l’équipe d’Ampelio passe en revue les dossiers de cession d’un côté, profils d’acquéreurs de l’autre. Lorsque nous croisons les informations autour du vignoble de Jean-Luc et des bâtiments récemment confiés par la famille M., le profil de Clément sonne comme une évidence.

Nous prenons rapidement contact avec lui pour lui présenter l’opportunité. Dès le premier échange, son intérêt est présent. Nous échangeons avec lui sur les différents éléments : les atouts, les points de vigilance, les perspectives d’adaptation. Une visite est organisée sans attendre.

11 juin 2024

Jour de la visite, d’abord, un tour dans les vignes parfaitement entretenues. Puis, la découverte des bâtiments, entre troglodyte, hangar et maison de maître.
Et là, le coup de cœur est immédiat, Clément se projette sur les lieux, tant pour son lieu de vie familial que pour démarrer son activité.

---

L’investisseur du foncier, passionné par le vin

27 mai 2022

Ce premier investisseur nous contacte avec un projet clair et sincère : il souhaite investir dans un vignoble du Val de Loire, et confier les vignes en fermage à un exploitant.

Passionné par le vin, cet ancien agriculteur a pu économiser durant sa carrière pour réaliser son rêve : investir dans un domaine viticole et voir naître une bouteille issue de « son » terroir.

Mais transformer ce rêve en réalité n’est pas si simple. Chez Ampelio, nous cherchons à créer des projets durables. Cela suppose de trouver un domaine équilibré, mais aussi un exploitant en phase avec la vision de l’investisseur. Nous ne nous contentons pas de vendre des vignes : nous pensons chaque projet comme un écosystème où chaque pièce compte.

Une démarche mûrement réfléchie, portée par une passion authentique pour le vin.

__

5 juin 2024

Nous lui présentons le vignoble de Jean-Luc : 16 hectares impeccablement entretenus, un encépagement qualitatif, des appellations recherchées comme Saumur et Saumur Champigny. Nous discutons des modalités d’un futur bail, des niveaux de fermage, du potentiel de valorisation sur le long terme.

L’ensemble l’intéresse beaucoup. Le vignoble correspond parfaitement à ce qu’il cherche et il est prêt à se positionner. Reste à trouver le vigneron adéquat, celui qui saura incarner et exploiter ce projet.

---

L’investisseur du capital, passionné par les projets viticoles

Avril 2021

Nous faisons la connaissance d’un investisseur, professionnel de la filière et passionné de vins. Mais surtout passionné par les aventures humaines et entrepreneuriales.

Son souhait est clair : investir minoritairement au capital d’une société viticole, reprise par un ou plusieurs porteurs de projet en cours d’installation.

Mais plus que la localisation ou la structure, ce qui l’anime avant tout, c’est l’humain. Il cherche à accompagner un projet porté par des personnes engagées, avec une vision claire et l’envie de faire grandir une entreprise dans le respect du vivant et du territoire. Pour lui, investir, c’est soutenir, structurer et faire éclore un potentiel.

Au fil du temps, nous construisons avec cet investisseur une relation durable, fondée sur l’échange et la transparence. Ensemble, nous avons étudié plusieurs projets. Mais comme souvent dans la vie des affaires, tous les éléments ne s’alignent pas toujours : parfois, c’est le calendrier qui fait défaut, parfois les aspects fiscaux, parfois simplement des projets qui ne trouvent pas leur juste complémentarité.

__

18 novembre 2024

Nous lui présentons le projet global : les vignes achetées par un investisseur, les bâtiments et le fermage repris par un jeune salarié à l’installation. Mais pour sécuriser l’ensemble, notamment auprès des partenaires bancaires, un apport complémentaire en capital reste nécessaire.

---

Ampelio, à l’origine d’une rencontre clé

Créer l’alchimie et structurer le projet

La première fois que nous pensons à associer Clément et le premier investisseur (du foncier), cette idée vient plutôt naturellement et rapidement. D’un côté, un jeune vigneron passionné, prêt à s’installer. De l’autre, un investisseur à la recherche d’un projet agricole structuré, porteur de sens.

Lorsque nous effectuons la visite avec Clément, nous sommes déjà en pleine discussion avec l’investisseur. Alors quand il nous confirme un manque d’apports financier, nous lui parlons spontanément de cette piste.

Mais dans ce type de montage, l’alignement des intérêts ne suffit pas, la réussite d’un tel projet repose avant tout sur la qualité de la relation humaine.

__

26 juin 2024

Nous organisons une journée entière dédiée au dossier : déjeuner avec l’investisseur pour échanger de façon informelle sur le dossier, puis direction les vignes pour une visite approfondie du domaine.

Nous souhaitons également lui présenter deux exploitants potentiels : Clément donc et un couple de vignerons qui cherchaient à s’agrandir.

Les rencontres se passent bien, chaque partie expose son projet, ses aspirations, ses attentes.

Clément explique alors sa passion pour la vigne, pour les terroirs de Saumur, de son souhait de convertir le vignoble en Agriculture Biologique, et son prévisionnel pour le commerce.

Le choix se porte rapidement sur lui. Le courant passe, les valeurs s’alignent, l’envie commune d’avancer est là.

__

Juillet – Août 2024

Durant l’été, Clément commence à travailler sur son prévisionnel d’activité, accompagné de l’expert-comptable que nous lui avons recommandé. Il doit prévoir l’achat des bâtiments, du matériel, réinvestir dans sa société.

Parallèlement, les négociations se finalisent, l’offre de l’investisseur pour l’achat des vignes est contresignée par Jean-Luc.

Les deux parties continuent de se voir, de visiter les vignes et d’échanger sur leur projet commun.

Un bail sera donc signé le même jour que l’acte définitif, entre l’investisseur qui sera alors propriétaire des vignes et notre futur vigneron qui les exploitera.

__

Septembre 2024

Clément achète donc de son côté les bâtiments de la famille M., et l’offre est acceptée en septembre.

Nous contactons alors les différents notaires pour mettre en place un rétroplanning précis, et coordonner la rédaction des compromis de vente et du bail rural.

Mais un projet viticole, même bien préparé, réserve toujours son lot d’imprévus. La suite nous le rappellera.

---

L’engagement humain face aux défis

Octobre 2024

A chaque aventure sa mésaventure. Nous recevons un mail de Clément nous annonçant qu’il ne pourra finalement pas bénéficier de la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA), cette aide publique pourtant essentielle pour bon nombre de jeunes en phase d’installation.

Les nouvelles directives imposent désormais un diplôme agricole de niveau 4 pour être éligible à la DJA. Malgré ses sept années d’expérience dans les vignes, malgré un projet structuré et concret, aucune équivalence ne peut être reconnue. Le verdict est sans appel : près de quelques dizaines de milliers d’euros d’aides publiques s’envolent.

Immédiatement, l’expert-comptable se remet au travail et révise le prévisionnel, sans compter sur cette aide.

Le courtier en prêts professionnels étudie à nouveau le prévisionnel et comment le présenter aux banques. Mais sa conclusion est claire : dans ces conditions, le projet ne sera pas finançable.

Avec 10 % d’apport personnel, Clément reste en dessous des seuils généralement exigés par les banques, qui demandent au minimum 15 à 20 % de garanties. Le calcul est brutal, mais simple : il manque environ 100 000 € pour que le projet puisse tenir debout financièrement.

Chez Ampelio, nous croyons fermement au projet de Clément, nous sommes certains que son installation sera une réussite, que ce nouveau domaine contribuera à faire rayonner le vignoble de Saumur.

Alors nous devons trouver une solution.

Nous informons toutes les parties prenantes de ce frein dans le projet. Chacun souhaite étudier le projet, aider à sa manière. Et Jean-Luc acceptera d’évoluer sur de nombreux points (vente différée du matériel notamment) qui permettront de continuer de croire au projet final.

De notre côté, nous identifions des investisseurs qui pourraient participer au capital de la société.

__

Novembre 2024

C’est ici que nos chemins recroisent alors l’investisseur passionné dont nous avons parlé plus tôt.

Nous lui exposons la situation, le montage envisagé, la solidité du projet. Il écoute attentivement et l’intérêt est immédiat. Dans les jours qui suivent, il se plonge dans l’analyse : éléments juridiques, projections économiques, prévisionnel d’activité.

10 jours plus tard, nous organisons une rencontre entre lui et Clément.

Clément parle avec cette passion qui l’anime depuis le début. Il détaille son projet, ses ambitions pour le domaine, sa vision du vignoble de demain. Sa rigueur, son réalisme, son implication impressionnent. L’investisseur est convaincu par l’authenticité du projet autant que par le sérieux du porteur.

Il faut réfléchir au montage financier précis, à la structuration de la participation, aux modalités d’entrée au capital. Avocats, experts-comptables et courtier se remettent en mouvement.

__

23 décembre 2024

Après des rendez-vous, des études, des prévisionnels et comme un cadeau de Noël en avance, notre investisseur accepte de participer à l’aventure !

---

Un projet devenu réalité

J’aimerais pouvoir dire que, dès la signature du compromis, tout s’est déroulé sans accroc. Mais reprendre un domaine viticole, c’est souvent embrasser l’imprévu autant que le projet. Jusqu’aux tout derniers jours, il y a eu des ajustements, des doutes, des désaccords à résoudre, des documents à revoir… et autant de petites montagnes à gravir.

Mais à chaque étape, la détermination est restée intacte. Celle de Clément, d’abord, inflexible et inspirante. Celle des vendeurs, des investisseurs, des partenaires, des équipes. Tous ont avancé, portés par une conviction commune : ce projet en valait la peine.

Chaque transmission est une histoire singulière. Et chaque aventure viticole que nous accompagnons est un équilibre entre rigueur, confiance et passion.

Cette histoire illustre parfaitement ce que nous défendons chez Ampelio : une transmission viticole pensée dans sa globalité, humaine, économique et technique.

Ce projet n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a exigé du dialogue, de la rigueur, de l’adaptabilité. Mais il montre aussi qu’avec une vision claire, un accompagnement structuré et des partenaires alignés, il est possible de faire émerger des projets ambitieux, même avec peu d’apport initial.

Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre à Saumur : le domaine Terres des Carmes est officiellement né, engagé à produire des vons pour de nombreuses années !

Et nous sommes fiers d’y avoir contribué.

Astrid Burlot

Collaboratrice et chargée de communication chez Ampelio.

Témoin des belles histoires des domaines ligériens.