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Reprise de domaine viticole : tout savoir sur les avances aux cultures

Dernière mise à jour le 25 avril 2025
Lecture 8 minutes

La reprise d’un domaine viticole ne se limite pas à des vignes et à des bâtiments d’exploitation.

Cela fait évidemment partie de l’ensemble mais il faut également prendre en compte la reprise de la société, des clients, de la marque, des comptes, du matériel, de la cuverie, des bâtiments privés.

Et il y a deux éléments ne pas oublier et qui varient tous les jours : les stocks et les avances aux cultures. Peu mis en lumière lors de la reprise, ces deux éléments sont pourtant d’une importance capitale.

Concentrons donc nous aujourd’hui sur les avances aux cultures.

Derrière ce terme technique se cache tous les travaux investis dans la vigne pour la récolte à venir. Tout ce qui façonne la qualité du millésime futur et dont bénéficiera directement le repreneur.

Alors quand les avances aux cultures rentrent-elles en jeux ? Comment valoriser justement ces avances ? Et surtout, comment gérer cet aspect pour garantir une reprise équitable, transparente pour les deux parties ?

Vigneron travaille sur son tracteur dans ses vignes

Que sont les avances aux cultures ?

Si on prend la définition exacte du gouvernement « Les avances aux cultures sont représentées par l’ensemble des frais et charges engagés au cours d’un exercice en vue d’obtenir la récolte qui sera levée après la clôture de cet exercice ».

Concrètement il s’agit donc :

  • De la taille et entretien de la vigne (palissage, ébourgeonnage)
  • Des frais de produits : semences, engrais, traitements
  • Des frais liés à la main-d’œuvre
  • Des frais liés aux matériel

Point d’attention, les frais de paiement de fermage sont soumis à échange entre les partis en fonction du dossier.

Ces interventions sont effectuées entre deux vendanges et sont essentielles pour garantir un rendement et une qualité optimale de la future récolte. Elles constituent une forme de « capital immatériel » que l’acquéreur recevra dès la première vendange suivant sa reprise.

Ces travaux, bien qu’invisibles pour un œil non averti, ont une valeur économique et technique bien réelle.

En fonction de la date de signature finale, ces avances aux cultures seront plus ou moins importantes.

Exemples :

  • Si l’acte définitif est acté après les vendanges et avant la taille (généralement de septembre à décembre) aucun frais d’avances aux cultures ne seront engagés
  • Si l’acte est signé avant les vendanges, il faudra alors calculer tous les frais mis en place pour cette future vendange.

C’est pourquoi définir une date de signature et se mettre d’accord est primordiale.

Les avances aux cultures ne peuvent être ignorées dans le cadre d’une transaction : elles doivent être identifiées, valorisées et intégrées dans les négociations.

Elles reflètent l’état d’entretien et la continuité du travail du vigneron, mais aussi l’investissement engagé pour assurer la pérennité de l’exploitation.

En val de loire, les vignes sont régulierement complantées pour assurer la bonne tenue du vignoble

Comment sont évaluées les avances aux cultures ?

L’évaluation des avances aux cultures constitue une étape cruciale dans la reprise d’un domaine viticole. Cette valorisation doit être à la fois juste, traçable et conforme aux règles fiscales, en particulier pour les exploitations soumises à un régime réel d’imposition.

Selon l’article 72 A du Code Général des Impôts, les avances aux cultures doivent être inscrites en stock et évaluées à leur coût de production (prix de revient).

Des méthodes d’évaluation encadrées

Pour répondre à la diversité des situations agricoles, plusieurs méthodes d’évaluation sont admises par l’administration fiscale. Elles varient selon le régime d’imposition et la taille de l’exploitation.

1. Méthode réelle

  • Basée sur le coût de production exact, cette méthode valorise l’intégralité des frais engagés, poste par poste.
  • Variante R1 : valorisation par estimation du temps de travail selon des coefficients.
  • Variante R2 : valorisation à partir des temps de travaux réellement pratiqués sur l’exploitation.

 2. Méthode mixte

Certains postes (comme les fournitures et prestations) sont valorisés au réel, d’autres au forfait (coût à l’hectare).

  • Variante M1 : main-d’œuvre et mécanisation estimées forfaitairement.
  • Variante M2 : main-d’œuvre valorisée au réel, mécanisation évaluée selon des barèmes.

Elle repose sur des coûts standards par hectare établis par l’administration ou les organismes de gestion.

3. Méthode forfaitaire

  • Utilisable seulement pour une durée limitée, notamment lors du passage d’un régime micro à un régime réel.
Methodes d'évaluation des avances aux cultures

Quelle méthode retenir dans le cadre d’une cession ?

Dans un contexte de reprise, la méthode réelle ou mixte est à privilégier, car elle permet une valorisation plus fine, plus crédible et plus acceptable pour les deux parties.

L’intervention d’un expert-comptable ou d’un avocat est souvent nécessaire pour fiabiliser les calculs, notamment lorsque les avances aux cultures représentent une part significative du prix global de la transaction.


Pourquoi intégrer les avances aux cultures dans la reprise ?

Dans le cadre d’une cession viticole, les avances aux cultures représentent bien plus qu’une simple dépense : elles incarnent un investissement réel dans la production à venir.

Leur prise en compte dans la transaction est donc essentielle, tant d’un point de vue économique que juridique et humain.

Inscrire les avances aux cultures dans la négociation permet d’assurer la transparence de la transaction.

Pour l’acquéreur : un bénéfice immédiat

Au moment de la reprise, l’acquéreur reprend non seulement des terres et des installations, mais aussi un investissement sur les vignes.

Grâce aux travaux déjà réalisés par le cédant il bénéficie d’une récolte partiellement ou totalement préparée. Cela représente un gain de temps et d’efficacité, mais aussi une valeur tangible à intégrer dans le prix global de la reprise.

Pour le cédant : la juste valorisation d’un travail accompli

Les avances aux cultures sont le reflet du savoir-faire et de l’anticipation du vigneron. Une récolte ne se fait pas juste au moment des vendanges, c’est le résultat d’une année entière de travail.

Ne pas les valoriser reviendrait à occulter tout ce travail. Leur reconnaissance dans la reprise permet une cession plus équitable, dans le respect du métier de vigneron.

Des vignes taillées et travaillées en Agriculture Biologique

Négociation entre vendeur et acquéreur

Les avances aux cultures représentent un enjeu important dans la transaction. Leur prise en compte doit faire l’objet d’une négociation claire et anticipée entre les parties.

Anticiper

Comme pour toute négociation réussie, le bon timing est essentiel. L’idéal est d’aborder la question en amont de la promesse de vente. Cela permet d’éviter les discussions de dernière minute quand d’autres sujets sont sur la table.

Ce dialogue précoce permet d’intégrer les modalités de valorisation dans les prochaines étapes du processus.

Modalités de négociation

Certaines cessions donnent lieu à une compensation forfaitaire, d’autres à une valorisation poste par poste, en fonction des interventions effectivement.

Parfois, un ajustement est prévu en fonction des conditions climatiques à venir ou de la récolte effective.

La transparence devient une nécessité : Il faut pouvoir justifier, documenter, tracer les travaux engagés.

Pour éviter toute incompréhension, une clause dédiée dans l’acte définitif est conseillée.

Elle précise les montants, les modalités de paiement, voire les conditions d’ajustement. Elle protège les deux parties et scelle l’accord, non seulement financier, mais aussi humain, autour de cette transmission.


Quelles sont les modalités de paiement des avances aux cultures ?

Une fois la valeur des avances aux cultures établie et acceptée par les deux parties, reste une question tout aussi essentielle : comment se règle concrètement cette somme ? Si les modalités peuvent varier selon les contextes, certaines pratiques sont aujourd’hui bien établies dans les transmissions viticoles.

Un règlement distinct du prix de vente

Les avances aux cultures ne font pas partie de la cession d’actifs. Et pour cause : elles changent tous les jours.

En pratique, elles donnent lieu à un règlement séparé, souvent sous forme d’une facture émise par le cédant à l’acquéreur.

Ce paiement est généralement effectué :

  • au moment de la signature de l’acte authentique, pour des avances déjà réalisées et évaluées précisément,
  • ou quelques semaines après, si un expert est mandaté pour estimer les travaux après la vente.

Le rôle du notaire, avocat ou de l’expert-comptable

Il est fréquent que le notaire, avocat ou l’expert-comptable en charge de la transmission coordonne le paiement. Dans certains cas, un décompte provisoire est annexé à l’acte de vente, avec un règlement final ajusté après vérification. Cette méthode offre de la souplesse, notamment quand la campagne culturale est encore en cours ou que certains travaux doivent encore être exécutés.

Un investissement dans les vignes

Conclusion

Au fil de l’année, un domaine viticole se façonne bien au-delà des vignes. Il se construit dans les gestes quotidiens, les choix du vigneron, les travaux parfois invisibles mais essentiels.

C’est exactement ce que représentent les avances aux cultures : un travail en amont, une valeur en devenir, une trace tangible de l’engagement du cédant jusqu’à la dernière heure.

Dans le cadre d’une reprise, intégrer ces avances, les valoriser, les formaliser, c’est faire preuve d’équité, de transparence et de respect mutuel. C’est aussi assurer une passation fluide, sans zone d’ombre, où chaque partie est considérée.

Trop souvent perçues comme un détail technique, les avances aux cultures sont en réalité une composante à part entière de la valeur d’un domaine viticole. Les ignorer serait passer à côté de l’essence même du métier du vigneron.

Chez Ampelio, nous savons que chaque transmission est unique. C’est pourquoi nous accompagnons nos clients dans toutes les dimensions de leur projet, y compris les plus techniques.

Estimation, négociation, valorisation des avances aux cultures : notre rôle est de rendre ces étapes lisibles et justes. Pour que la reprise ne soit pas seulement une opération, mais une vraie continuité dans la vie du domaine viticole.

Un vigneron admire ses vignes après son travail

Chez Ampelio, notre vocation est de trouver la bonne adéquation entre un domaine viticole et son repreneur. Nous plaçons l’humain au cœur de notre métier.

Lors des reprises, notre préoccupation principale est que cette association soit pérenne, durable et saine : que chaque personne s’épanouisse et y trouve son intérêt. L’avenir économique du domaine viticole doit également être pris en compte dans le projet.
Nous encourageons évidemment ces reprises et mettons toute notre expertise au service des projets de chacun.

En savoir plus sur notre expertise et notre accompagnement

Vous avez une question concernant la vente ou l’achat d’un domaine viticole ?

Notre équipe se fera un plaisir d’échanger avec vous sur votre projet et répondre à toutes vos interrogations.

Ampelio, c’est 10 ans d’expérience dans l’accompagnement et le conseil en transactions viticoles sur la Vallée de la Loire.

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